Speaker 1: Bonsoir Eric Dupond-Moretti. Bonsoir Monsieur Duhamel.
Speaker 2: Merci d'être avec nous ce soir dans C'est pas tous les jours dimanche, ancien garde des Sceaux, ancien avocat. Je vous ai reçu sur ce plateau plusieurs fois pour parler politique pénale, laxisme présumé de la justice, du Rassemblement national aussi. On parlera de tout cela dans un instant, mais si vous venez nous voir ce soir, c'est parce que dans un peu plus de dix jours, le 1er février, vous montrez sur scène au Théâtre Marigny pour un seul en scène. J'ai dit oui, on en parle bien évidemment dans un instant, mais juste avant je voudrais vous entendre sur ce que l'on vit, ces images, les Israéliens, les habitants de Tel Aviv émus avec cette information, le début de cette trêve qui rentre en vigueur et ces trois otages, trois désormais ex-otages libérés par le Hamas. Je voudrais avoir votre sentiment sur, bien évidemment, cette émotion et la fin de l'horreur pour ces trois otages et une prochaine libération qui doit intervenir dans six jours.
Speaker 1: D'abord, je pense qu'on ne peut que se féliciter de la libération de ces trois femmes. Mais en même temps, quand on regarde les images, on est frappé par l'émotion et la retenue. On la sent, elle est tangible. Parce que la libération, j'allais dire au compte-goutte, est quelque chose d'absolument terrifiant pour les familles qui sont dans l'attente. D'abord, on a dit les femmes et les enfants, n'est-ce pas ? Et puis ensuite, des hommes. Et donc, quand la dernière femme aura été libérée, des familles vont comprendre que certaines femmes sont mortes. Puis viendra le tour des hommes et là encore, des corps seront restitués aux familles. Et cette période, elle est à l'évidence absolument mortifère. C'est terrifiant, cette attente.
Speaker 2: Un mot encore sur ce sujet, puisque vous étiez garde des Sceaux le 7 octobre, quand ces massacres, ces attentats terroristes ont été commis. Quels souvenirs vous gardez en tant que responsable politique gouvernementale, à un moment donné aussi où il a fallu que la machine étatique, si j'ose dire, puisse répondre à ce qui était en train de se passer ? Quels souvenirs est-ce que vous gardez de ce 7 octobre ?
Speaker 1: D'abord les images, absolument terrifiantes. Les femmes, les enfants, les hommes qui sont traînés par des gens du Hamas. Et puis très vite, le choix politique de LFI, notamment, pour nier le fait qu'il s'agit de terroristes dans le cadre d'une attaque terroriste. Ils n'ont pas voulu prononcer ces mots et pourtant, ces mots étaient des évidences. Très vite, le président de la République s'est exprimé. Il a dit qu'il s'agissait évidemment d'attaques terroristes. On a envisagé le corridor humanitaire, le droit pour Israël de se défendre, la création, évidemment, la partition des deux États. Tout ça a été une période très, très difficile. Et bien sûr, je n'oublie pas les otages français. Et d'ailleurs, certains des hommes qui sont encore otages aujourd'hui sont de nationalité française.
Speaker 2: Et je précise bien évidemment à ceux qui nous regardent que vous suivrez toutes les images. Ce qui est en train de se jouer en ce moment, non seulement à Tel Aviv, mais aussi à Haraïm, l'endroit où les hélicoptères de l'armée israélienne doivent décoller dans les minutes qui viennent pour bien précisément héliporter ces trois ex-otages vivants en bonne santé, nous dit-on, qui doivent arriver dans la banlieue de Tel Aviv à l'hôpital pour se faire examiner. Éric Dupond-Moretti, je le disais donc, un seul en scène, j'ai dit oui. Voilà le nom. On va peut-être voir l'affiche apparaître au théâtre Marigny à partir du 1er février. Ça veut dire que c'est fini la langue de bois, la solidarité gouvernementale. Au fond, vous savez, il y a souvent ces livres de politique qui publient quelques mois, quelques années après avoir été ministre où ils disent voilà, ça c'est tout ce que j'ai toujours rêvé de vous dire mais que je ne pouvais pas vous dire. C'est ça ce seul en scène ?
Speaker 1: C'est un peu ça, mais pas que ça. D'abord, j'avais fait un seul en scène pour expliquer ce qu'était le métier d'avocat et ses coulisses. Puis, le confinement et ma nomination, la conjugaison des deux, a fait que je n'ai pas pu continuer ce spectacle. Je me suis consacré complètement et totalement à la mission qui était la mienne. Et puis, j'ai constaté à de nombreuses reprises, à de très nombreuses occasions, que les gens ne savaient pas ce que faisait un ministre. Comment ils le faisaient ? Pourquoi un politique ne peut pas forcément toujours dire la vérité ?
Speaker 2: Et donc faire de la langue de bois quand il est reçu sur les plateformes de télévision ? Défendre ses collègues là où il en pense l'inverse ?
Speaker 1: Ne vous inquiétez pas M. Duhamel, vous verrez si vous me faites l'honneur de venir, que j'évoque aussi la relation entre les politiques et les journalistes. Car certains d'entre vous confondent bienveillance et complaisance. Ils ont tellement peur de passer pour des journalistes aux ordres qu'ils ne conçoivent au fond l'interview que comme un combat, voyez-vous ? Et puis parler de justice et de politique pénale devant un journaliste qui n'envisage la justice que sous l'angle du fait divers, je le dis, c'est impossible et c'est dangereux. Donc on va évoquer tous ces sujets avec évidemment de l'humour, c'est nécessaire, et de l'autodérision.
Speaker 2: – Vous le disiez Eric Dupond-Moretti, vous aviez déjà joué au théâtre pour raconter les coulisses de votre vie d'avocat. Est-ce qu'au fond, avec le caractère que les Français vous connaissent, votre grande gueule, est-ce qu'au fond vous n'êtes pas plus fait pour monter sur scène, être comédien, pour être ministre ? Est-ce que ça ne correspond pas plus à votre caractère, à la façon dont vous envisagez les choses ? C'est peut-être ça votre vrai élément en fait ?
Speaker 1: – Peut-être que vous ne connaissez pas mon bilan.
Speaker 2: C'est la première réponse… – Assez souvent dans les interviews, on en a parlé ici, vous les mettiez en avant donc…
Speaker 1: – Oui, mais c'est quand même la première réponse qui me vient à l'esprit. Et au fond, pourquoi pas, parce qu'il y a tellement d'infos, vous voyez, un clou chasse l'autre, et l'une des difficultés pour les ministres et pour les gens qui font de la politique, c'est d'expliquer ce qu'ils ont fait. Sachant que ce qui est consensuel est moins intéressant pour certains de vos confrères que ce qui fait le buzz. Bon, donc j'ai un bilan.
Speaker 2: – Donc c'est ça en fait le spectacle, c'est régler ses comptes avec les médias, avec les journalistes, c'est ça ?
Speaker 1: – Non mais c'est dire un certain nombre de choses qu'on ne peut pas dire quand on est ministre. Voilà, parce que naturellement, il y a un certain nombre de polémiques que l'on évite quand on est ministre. Et je donne d'ailleurs dans ce spectacle un certain nombre d'exemples, bien sûr. Puis nos compatriotes, ils détestent le mensonge, mais ils supportent pas non plus la vérité. Et là aussi je donnerai un certain nombre d'exemples, parce que c'est un partenariat, il y a d'un côté les politiques, puis il y a de l'autre nos compatriotes qui regardent les politiques, qui les jugent de façon extrêmement sévère. Je sais que ce n'est pas dans l'air du temps de réhabiliter les politiques, mais j'essaie de dire moi et d'analyser pour quelles raisons il y a ce désamour entre les politiques et les Français.
Speaker 2: – Vous disiez il y a un instant, Eric Dupond-Moreti, j'ai un bilan. Parmi vos combats de ministre, vous vous êtes battu pendant 4 ans pour expliquer que la justice n'était pas laxiste, la France n'est pas un coupe-gorge. Ça c'est une phrase que notamment vos opposants ont retenue. Aujourd'hui le ministre de l'Intérieur, Bono Retailleau, maintient que la justice est laxiste, qu'il y a un problème d'inexécution des peines. Gérald Darmanin, à votre place aujourd'hui, celle que vous occupiez, était celui qui parlait d'ensauvagement de la société. Vous avez perdu la bataille culturelle, idéologique. En fait vous avez pendant 4 ans essayé d'expliquer que la justice n'était pas laxiste, aujourd'hui ceux qui sont au pouvoir, eux visiblement pensent l'inverse.
Speaker 1: Alors, d'abord les chiffres nous départagent, si tant est que nous ne disions pas tout à fait la même chose. Depuis des années, les peines qui sont prononcées sont de plus en plus sévères, et les prisons sont pleines. Et par ailleurs, moi j'ai tellement mesuré la difficulté de juger, je l'avais déjà mesuré lorsque j'étais avocat, que j'ai permis, c'est une des réformes que j'ai conduite, de filmer la justice, pour qu'elle rentre dans le salon des Français, et que vous mesuriez la difficulté, par exemple, de déterminer une peine juste. Moi on peut me raconter tout ce qu'on veut, on peut dire ce que l'on veut, les chiffres sont là, ils sont têtus.
Speaker 2: – Donc Bruno Retailleau il se trompe quand il dit qu'il y a un problème d'inexécution des peines ?
Speaker 1: – Attendez, si le jeu consiste à m'opposer à Bruno Retailleau, moi je ne joue pas.
Speaker 2: – Je croyais que vous ne faisiez plus de langue de bois, alors là maintenant c'est plus un collègue, il a été gouvernemental, si vous pensez l'inverse de Bruno Retailleau vous pouvez le dire.
Speaker 1: – Alors qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Que Bruno Retailleau a tort, que Dermanin a tort, que les autres ont tort, que je finisse par avoir raison, je dis que moi j'ai toujours soutenu la même ligne, la justice n'est pas laxiste, les chiffres le démontrent. Maintenant sortez les chiffres, et si vous avez la démonstration de ce que je ne dis pas la vérité, alors d'accord, et je vous concèderai une erreur importante, parce que depuis des années je dis la même chose sur ces questions. Ensuite, vous savez, on a fait des petits guéguerres sémantiques, vous adorez faire ça. – Vous aussi. – Non mais attendez, Dermanin a dit, Gérald a dit à un moment, en sauvagement, j'ai dit moi, la sensibilité qui est la mienne ne me porte pas à utiliser les mêmes mots. Trois semaines de polémiques, ensuite j'ai dit M. Duhamel, il y a certes de l'insécurité, virgule, mais il y a aussi un sentiment d'insécurité, notamment alimenté par les chaînes d'informations continues. – Ah, ça recommence. – Ou, c'est vrai, d'opinion continue, pardon, un crime décliné 50 fois, ça devient 50 crimes, voilà. Et là, qu'est-ce que vous faites, vous ne pouvez pas réagir, parce que si vous rectifiez le tir, vous savez, c'est le vieil adage, une fausse info et un démenti finissent par faire deux infos. Et au fond, vous ne pouvez rien faire parce que sinon vous remettez une pièce dans la machine. C'est une des difficultés auxquelles les politiques sont confrontés.
Speaker 2: – Éric Dupond-Moretti, quand vous entendez Gérald Darmanin dire quelques jours après sa nomination comme ministre de la Justice, rien ne va dans le ministère qui m'appartient sur la question de la drogue. Est-ce que là, quand vous lisez ça, quand vous entendez ça, vous n'avez pas une envie folle de dire, ah ben sympa, en plus vous l'appeliez Gérald, parce que vous vous entendez bien, ce n'est pas hyper sympa pour votre bilan ça quand même, non ?
Speaker 1: – Non mais rien ne va parce qu'il y a toujours un trafic de drogue qui l'est de plus en plus important, qui a plein de choses à faire. Mais Gérald Darmanin, il évoque aussi la reprise d'un texte que j'ai préparé sur le narcotrafic. Donc rien ne va, pourquoi ? Non mais pardon, et si Gérald Darmanin disait, ben Éric Dupond-Moretti a tout réglé, il n'y a plus de délinquance dans ce pays, mais qu'est-ce que vous me diriez ? Vous me diriez, vous ne croyez pas qu'il est excessif Gérald Darmanin ? Non mais le travail public que conduit un ministre, il ne s'arrête jamais monsieur Duhamel. Donc j'entends ce propos de Gérald, parce que je continue dans l'intimité à l'appeler Gérald, je l'entends parfaitement. Voilà, qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Bien sûr que ça ne s'achève pas avec tel ou tel ministre. Je voudrais d'ailleurs dire qu'il a eu l'élégance, lors de la passation de pouvoir, de me rendre hommage, et que bien sûr on ne peut pas dire que tous les problèmes sont réglés. Pour autant, pour autant, un certain nombre de choses ont été faites et on ne peut pas les négliger.
Speaker 2: Quand il dit, il faut regrouper les 100 narcotrafiquants les plus dangereux… Il a raison. Vous n'y aviez pas pensé ?
Speaker 1: On y a pensé, mais la mise en place et la mise en œuvre de cela, c'est complexe. Pourquoi ? Parce que si on fait ce centre dans l'Est de la France, le juge d'instruction qui se trouve à Limoges, est-ce qu'il va se déplacer pour aller interroger le détenu, narcotrafiquant, oui ou non ? Ou est-ce qu'il va le faire venir à lui avec des problèmes d'escorte par exemple ? Bon, la question des portables en prison, c'est une question sur laquelle nous avons déjà beaucoup travaillé. Il y a des obstacles technologiques, il y a des obstacles qui tiennent à la structure même des murs de la prison. Avec du métal… Mais c'est une bonne idée, dites-vous. Mais bien sûr que c'est une bonne idée, mais bien sûr que c'est une bonne idée. Nous avions commencé à travailler, vous savez, moi j'ai quitté ce ministère, je vais vous dire, avec une petite larme à l'œil pour tous les personnels avec qui j'ai… Ça vous manque ou pas ? Non, mais écoutez-moi, j'ai été pendant quatre ans entouré par des gens formidables. Quand vous les quittez, ça vous fait un petit pincement au cœur. Il y a une petite frustration parce que vous avez commencé à travailler sur des sujets et vous n'avez pas terminé le travail. Typiquement, la loi sur le narcotrafic. Mais en même temps, vous recouvrez votre liberté. Moi, le premier jour, je savais que ça avait une fin, on n'est pas propriétaire de son Marocain. Et moi, comme je l'ai dit, le jour de la passation, j'avais une vie avant moi.
Speaker 2: Et j'aurai une vie après. Et de fait, ce seul en scène est une des composantes de cette vie d'après. Un mot aussi sur un autre combat structurant qui a été le vôtre, et on en a souvent parlé à l'occasion d'interviews sur ce plateau quand vous étiez en fonction, la lutte contre le Rassemblement National. Et c'est vrai qu'il y a souvent des échos. Je me souviens, à une interview, je vous avais posé la question plusieurs fois de savoir si le Rassemblement National était dans l'arc républicain. Vous répondiez pas toujours tout à fait. Cette semaine, François Rebsamen, ministre, a dit qu'il respectait toutes les forces politiques sauf le Rassemblement National. Alors après, il est un petit peu rétro-pédalé. Est-ce que vous respectez le Rassemblement National ?
Speaker 1: Je ne respecte pas ses valeurs. Je pense que ce parti ne s'est pas dédiabolisé. Et pour ne rien vous cacher, j'étais un peu choqué après le décès de Jean-Marie Le Pen. Je pense que dans ces moments-là, c'est la dignité qui s'impose. D'une certaine façon, l'éloge ou le silence. Et moi, j'ai choisi le silence. Mais j'ai vu des choses indignes dans l'éloge. L'amnistie totale de tout. Il n'est plus aujourd'hui pour certains qu'un visionnaire. On a oublié tout le reste. Et puis de l'autre côté, j'ai vu des gens se comporter de façon totalement indigne. Ces gens qu'on a vus danser Sabré-le-Champagne. Je pense qu'on respecte les morts. Pour le reste, je ne crois pas à la dédiabolisation.
Speaker 2: – Parce que certains responsables politiques ont réduit certaines des condamnations de Jean-Marie Le Pen à des polémiques.
Speaker 1: – Faites allusion au tweet du Premier ministre.
Speaker 2: – Vous me voyez venir. Ça, quand François Bayrou tweet en parlant de polémiques, pour vous c'est une façon de minimiser…
Speaker 1: – C'est euphémique. Mais je voudrais vous dire quelque chose, puisqu'on est parti de mon spectacle. Et puis je suis un peu là pour ça, pardon.
Speaker 2: – Tout à fait. Mais je crois savoir que dans votre spectacle, vous parlez de…
Speaker 1: – Je parle un peu de politique.
Speaker 2: – Ah bon ? – Ouais. – Vous ne parlez pas du Rassemblement national de droite ?
Speaker 1: – Non. Je ne suis pas venu pour faire un meeting là, ni une psychothérapie destinée à me réparer. Pas du tout.
Speaker 2: – Ce n'est pas assez long pour ça.
Speaker 1: – Non, mais tout va bien surtout. Je ne fais pas mon bilan non plus. Ce que je souhaite, c'est que les gens sachent ce que c'est que le travail d'un ministre, des politiques peut-être de façon plus générale. Parce que si vous faites un micro-trottoir et demandez à des gens ce que c'est que le boulot d'un ministre, comment ça se passe au quotidien, je pense qu'ils ne le savent pas. Donc moi je souhaite que les gens sortent de là en se disant « Ah, on a appris un certain nombre de choses, et ça n'est pas inintéressant. »
Speaker 2: – Et le titre de ce spectacle, Éric Dupond-Moretti, j'ai dit oui, c'est ce que vous avez répondu au Président de la République, après avoir dit à l'occasion de plusieurs interviews que jamais, au grand jamais… Non, attendez, vous allez voir, ma question est plus subtile que ce que vous pensez. Après avoir dit que jamais, au grand jamais, vous n'accepteriez de rentrer dans un gouvernement. Ce qui me frappe, et peut-être que l'aborderez-vous dans votre spectacle, c'est la relation singulière que vous avez au Président. Vous faites partie des ministres, anciens ministres, chez qui on n'a jamais entendu une critique, un mot au-dessus de l'autre concernant Emmanuel Macron. J'ai retrouvé cette phrase de Christophe Castaner qui s'amusait d'une dimension amoureuse qu'il avait entre guillemets à l'égard d'Emmanuel Macron. Est-ce qu'il y a un peu de ça chez vous ?
Speaker 1: – Non, c'est extraordinaire. Vous allez pêcher une phrase prononcée par Christophe Castaner, que j'appelle aussi Christophe d'ailleurs, pour votre édification, et vous me la plaquez. Vous voudriez que je sois amoureux du Président de la République.
Speaker 2: – Écoutez, vous êtes sans doute un des seuls macronistes qui continue à assumer aujourd'hui que la dissolution était une bonne idée, alors même que le Président lui-même a reconnu qu'elle n'avait pas produit les effets prévus.
Speaker 1: – Les effets escomptés. Et je crois qu'il a dit, il a ajouté une temporalité. – Pour l'instant. – Non, ok, je vais vous dire. Vous connaissez un pays stable politiquement. Si on élargissait un peu la focale et qu'on quitte un peu la polémique que vous affectionnez, M. Benjamin Macron.
Speaker 2: – Mais vous aussi parfois.
Speaker 1: – Oui, sans doute. Mais l'Allemagne, c'est stable. La Roumanie, c'est stable, là. Les États-Unis, c'est stable. Vous voulez encore d'autres exemples ? Alors, revenons en France. Vous, vous considérez peut-être que Emmanuel Macron est responsable de tout. – Non, je vous pose la question. – Moi, j'ai dit que ce n'est pas lui qui avait composé l'Assemblée nationale. Pour le reste, le sentiment amoureux. Moi, je vais plutôt vous parler de loyauté, M. Duhamel. Vous voyez, parce qu'il y a les loyaux, et puis les loyaux, le temps qu'il faut. Et moi, je suis un loyal. Voilà, et j'estime que le Président de la République, quand il a pris cette décision de dissoudre, qui n'a sans doute pas été une décision comprise par l'ensemble des Français, eh bien, il a anticipé une situation à laquelle nous aurions été confrontés, puisque moi, je crois que le gouvernement auquel j'ai eu l'honneur d'appartenir aurait été censuré.
Speaker 2: – Oui, et il y a eu la dissolution et la censure. Donc bon, ce n'est pas un franc succès stratégique et tactique.
Speaker 1: – Ok, le Président, il est responsable de tout. Et en plus, il n'a pas la qualité de médiumité que vous avez sans doute.
Speaker 2: – Oui. – Je ne crois pas. Je pose la question simplement sur, puisque vous êtes un observateur avisé de la vie politique, la façon dont les socialistes ont décidé cette semaine de s'émanciper de la France insoumise, de ne pas censurer le gouvernement François Bayrou. Ça, vous vous êtes dit quoi ? Bravo, Olivier Faure, formidable.
Speaker 1: – Enfin, enfin. – François Bayrou, il réussit plutôt mieux qu'Emmanuel Macron, non ? – Non mais François Bayrou, c'est le Premier ministre d'Emmanuel Macron. Voilà. Vous voulez les dissocier ? Vous voulez faire deux équipes ? – J'ai assez peu de doutes sur l'équipe à laquelle vous appartiendrez. – C'est fabuleux la galerie des sentiments vus sous votre prisme. Alors il y a les amoureux et puis il y a ceux qui s'entendent bien, il y a ceux qui ne s'entendent pas. Les choses, elles sont infiniment plus complexes que ça. Vous savez de quoi on crève, là ? C'est du manque de nuances. Oui, voilà. Parce que la polémique l'emporte sur tout le reste. Et la radicalité devient la norme. Voilà. C'est contre cela, moi, que j'ai essayé de me battre aussi pour faire avancer la justice de mon pays.
Speaker 2: – Et ce sens de la nuance que vous voulez défendre dans votre spectacle, vous allez jouer pendant un mois au Théâtre Marigny, ensuite en tourner un peu partout en France, quelques dates aussi en Suisse, en Belgique. Et après, on vous a posé la question, reprendre la robe d'avocat, vous dites, pourquoi pas ? Parce que vous ne voulez jamais dire jamais, instruit du fait…
Speaker 3: – Ah, je ne veux plus. Surtout, je ne veux plus.
Speaker 2: – Vous avez même dit, funambule au cirque plein d'air. On aura peut-être d'autres surprises dans les mois qui viennent. Sur le fait de redevenir avocat, est-ce qu'il y a récemment une affaire où vous vous êtes dit, ça j'aurais adoré l'appeler B ?
Speaker 1: – Non, à quoi vous faites allusion ?
Speaker 2: – Ah non, là, pour le coup, vous pensez toujours qu'il y a une…
Speaker 1: – Suscitez ma gourmandise.
Speaker 2: – Vous pensez toujours qu'il y a un sous-entendu quand je vous pose une question ?
Speaker 1: – Il y en a souvent, donc si vous voulez.
Speaker 2: – Le métier d'avocat ?
Speaker 1: – Non, mais le métier d'avocat, là, c'est difficile. Pendant quelques années, je vais m'abstenir. J'y reviendrai peut-être, parce que ce sont mes premières amours. Voilà, ça va vous faire plaisir. Mais pour le moment, non, pas du tout.
Speaker 2: – Et quand certains vous voyaient à la présidence du Conseil constitutionnel en disant qu'Emmanuel Macron pensait éventuellement à la possibilité de vous y nommer, moi, je vous avoue que, là encore, par rapport à votre caractère et votre liberté de parole, on a un peu de mal à vous imaginer président du Conseil constitutionnel avec un devoir de réserve. On se trompe ou pas ?
Speaker 1: – Pardonnez-moi. Non, on ne se trompe pas. Mais tout ça, c'était des choses qui ont circulé dans la presse. Et on ne va pas s'attarder sur des rumeurs, vous et moi, M. Duhamel. Voilà, je n'ai pas été proposé par le président de la République en vue d'une nomination à la présidence du Conseil constitutionnel. Voilà ce que je peux vous dire.
Speaker 2: – Et un tout dernier mot avec vous, Éric Dupond-Maurice. – Oui. – Toujours sur cette idée de ce que vous pourriez faire après, sur la politique, là encore, vous dites « je ne m'interdis rien ». Quand on a été ministre de la Justice, 4 ans, il reste quoi ? Premier ministre ? Président de la République ?
Speaker 1: – Je peux intervenir dans une campagne électorale pour apporter mon soutien à tel ou tel. Mais d'abord, je veux vous faire remarquer que, quand j'ai dit « je ne serai jamais ministre », je ne pensais pas une seule seconde qu'on me le proposerait, quand même. Donc là, j'ai été pris, vous savez, chat échaudé craint l'eau froide. Voilà. Donc là, vous ne me reprendrez plus à dire « jamais, jamais, jamais ». Je suis au théâtre, là, je trouve que c'est un merveilleux moyen d'expression, direct d'ailleurs. – Vous avez le trac ou pas ? – Oui, bien sûr. Bah oui, quand même, si je vous disais que je n'ai pas le trac, ça voudrait dire que je n'ai aucune lucidité, bien sûr. Et puis, intervenir dans la discussion politique, dans la vie politique, bien sûr. Et puis, parallèlement à ça, j'ai construit une société de consulting. Voilà. – Bien.
Speaker 2: Peut-être pour des politiques qui vous demanderont leur avis pour leur programme. Merci. – Mais peut-être qu'un jour, vous viendrez me voir. – Eh bien, écoutez, si j'ai le temps. Merci, Eric Dupond-Moretti, d'être venu nous voir dans « C'est pas tous les jours dimanche ». Et donc, je rappelle, à partir du 1er février, seul en scène, j'ai dit oui au théâtre Marigny, puis un peu partout, jusqu'à peut-être d'autres pays, même un peu plus loin encore, aux États-Unis, non ?
Speaker 1: – On verra. – Il y a une grande communauté française aux États-Unis.
Speaker 2: – Merci beaucoup, Eric Dupond-Moretti.
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