Speaker 1: Oui, effectivement, et l'information vient de tomber. Sandrine Pissarra, la mère d'Amandine, est condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité avec 20 ans de période de sûreté. Le beau-père d'Amandine, lui, écope de 20 ans de prison. La perpétuité, c'était évidemment la peine maximale encourue. Ce midi, l'avocat général avait eu des mots très forts pour la mère d'Amandine qu'il décrivait comme le bourreau de sa fille qui avait plongé les jurés depuis presque une semaine dans un monde indicible, un monde de violences inimaginables. Il avait détaillé debout tous les sévices qu'avait subi Amandine depuis qu'elle était toute petite, ses coups de pied, ses coups de poing, ses coups de balai, ses violences inhumaines. Et puis, il avait aussi décrit cette forme de torture à laquelle l'adolescente était soumise, nue, enfermée dans un kajibi pendant des semaines, privée de nourriture. On voit ça dans des dictatures, avait décrit le magistrat. C'est donc la perpétuité qui est prononcée ce soir. Et de ce procès, on retiendra finalement un son et une image. Le son, c'est cet enregistrement.
Speaker 2: La perpétuité avec 20 ans de sûreté. Et pour Jean-Michel Croce, je crois que les réquisitions sont dépassées parce qu'il n'a pas tout dit. Maintenant, on a une vérité judiciaire. On a un verdict. Et j'espère que toutes ces victimes vont pouvoir se reconstruire et honorer la mémoire d'Amandine. Je crois qu'il faudra qu'au-delà de la responsabilité qui a été décidée, la responsabilité individuelle, il faudra maintenant que la société se pose des questions sur le fonctionnement de l'institution et la protection de l'enfant, parce que c'est une réalité. Ça n'enlève rien, la responsabilité des auteurs. Mais il y a beaucoup de choses qui ont dysfonctionné.
Speaker 3: Il y a un verdict, mais il n'y a pas d'explication. Il y a deux fois oui, mais rien derrière. C'est peut-être la déception aussi ?
Speaker 2: Non, parce qu'on peut pas expliquer la barbarie. Elle est inexplicable. La torture, la barbarie, c'est inexplicable. C'est pas humain. On peut expliquer ce qui est humain. On peut pas expliquer ce qui est inavouable. Comment voulez-vous reconnaître des faits de cette nature ? Même si cette femme a dit « je reconnais les faits », elle pouvait pas les expliquer. C'était pas possible. C'est peut-être ça, d'ailleurs, qui lui donne un peu d'humanité. C'est impossible. Comment ouvrir le livre des horreurs ? On peut pas. Voilà. J'espère qu'on va en rester là. J'espère qu'il n'y aura pas appel et que tout le monde pourra se reconstruire.
Speaker 3: — Vous avez échangé avec votre client. Il dit quoi ? C'est le père d'Amandine.
Speaker 2: — Alors mon client, il était là pour honorer la mémoire de sa fille. La justice est passée. Et maintenant, il va garder le silence pour honorer sa fille et lui rendre hommage. Je crois que c'est son devoir, maintenant. Voilà.
Speaker 4: — Est-ce que... Juste une question, papa, sur la réaction du père. Dans quel état d'esprit ?
Speaker 2: — Il a pris le verdict... C'est la justice des hommes qui a rendu un verdict. Ce verdict est à la hauteur de la gravité des faits. Il a pas à réagir. Il était pas là pour la vengeance. Il prend acte de la décision. La justice a été rendue pour sa fille. Et maintenant, il a fait son examen de conscience. Et maintenant, il va travailler sur la mémoire de sa fille, parce qu'il faut qu'elle continue de vivre à travers les souvenirs, de beaux souvenirs, et qu'on oublie les images d'horreur qu'on a vues. — Est-ce que vous... Vous disiez tout à l'heure... — Il faut que j'aille voir les intéressés. Oui.
Speaker 4: — C'est juste tout à l'heure qu'elle peut pas expliquer son geste. Est-ce que vous pouvez juste me refaire ça ? Vraiment, je vous avais le dos sur... Est-ce que c'est explicable ? Est-ce que son attitude... Le procureur général disait qu'il n'y avait pas de circonstances étouffantes.
Speaker 2: — Mais je crois que ce procès est hors norme. Il faut bien comprendre qu'on jugeait la barbarie. Et la barbarie, c'est l'inhumanité. Donc ils le pouvaient pas expliquer. C'est pas humain. C'est impensable. C'est innommable. Donc ils ont répondu oui de façon formelle en disant « On est coupable. On reconnaît les faits ». Et d'ailleurs, on voyait bien que quand on leur posait des questions précises, ils étaient incapables de répondre. Je pense que, quelque part, c'est une protection. Il faut se protéger de l'horreur de ce qu'on a fait. Voilà. On peut pas demander ce qui est... On peut pas aller au-delà de... Je sais pas. Voilà. J'y vais.
Speaker 5: — En direct, Luka Bratkevic, l'avocat du père biologique de la petite Amandite décédée et sa mère biologique qui a été condamnée ce soir. Mélanie Bertrand, je reviens vers vous. On évoquait ces peines, réclusions criminelles à perpétuité, 20 ans de sûreté contre la maman. Mais ce qu'on entend déjà en substance, c'est qu'il n'y a pas d'explication et que l'indicible reste indicible ce soir malgré ce verdict.
Speaker 1: — Oui, il reste inexpliqué. On se souvient qu'en début de semaine, le président de la Cour d'assises avait réussi à lui arracher du bout des lèvres des aveux. Mais hier, elle a été longuement interrongée, Sandrine Pissarra. Et de toute petite voix, elle a donné quelques clés d'explication. Mais franchement, rien de très convaincant. Elle a expliqué qu'elle aimait Amandine mais qu'elle se qualifiait elle-même de mère monstrueuse, qu'elle ressemblait trop à son père Amandine. On sait que le couple était en conflit après leur séparation. Le président l'a senti révoltée hier tout au long de l'audience, irritée évidemment par l'attitude de cette femme dont la toute petite voix, presque enfantine, contrastait bien sûr avec les tortures qu'elle avait infligées à sa fille. « Vous la punissiez de tout, Amandine ». Oui, de tout a concédé la mère. Mais je ne voulais pas qu'elle meure. Et forcément, ça a été difficile à entendre. J'en parlais tout à l'heure quand on a vu ces images de l'horreur de cette petite fille, de cette adolescente de 13 ans nue enfermée dans ce kajibi. Vous savez que les parents avaient installé des caméras de vidéosurveillance pour l'observer. Et on voit Amandine qui se tient la tête entre les mains. Elle est punie. Elle est à genoux sur une barre de fer. Punie, nue. Des images vraiment terribles. Et c'est la raison pour laquelle, sans doute, les jurés l'ont condamnée très durement ce soir. Un avocat des parties civiles, hier, avait une phrase qui a peut-être résonné dans la tête des jurés. « Combien de cauchemars elle a dû faire Amandine enfermée dans ce débarras. Son cauchemar a pris fin en août 2020. Sa mère est désormais condamnée à la réclusion criminelle, donc à perpétuité avec 20 ans de sûreté. » Et ces 20 ans de réclusion, c'est-à-dire deux années de plus contre le beau-père d'Amandine Méleny. Oui, effectivement. L'avocat général avait eu aussi ce matin des mots très forts à son encontre parce qu'il avait décrit le système totalitaire mis en place par Sandrine Pissarra, décrit comme le dictateur familial, finalement. Et puis, dans un système totalitaire, avait expliqué le beau-père, il y a ceux qui résistent. Et puis, il y a les collabos. Il a utilisé ce mot-là. Les collabos qui exécutent sans broncher. Et c'est le cas pour lui concernant le beau-père. On rappelle que Jean-Michel Croce, il a vécu pendant 4 ans avec la mère d'Amandine. Il a tout vu. Il a vu cette adolescente frappée, affamée, enfermée. Et il n'a rien dit. C'est la raison pour laquelle il était poursuivi. Alors il encourait 30 ans de prison. Il écope de 20 ans. Ce soir, on a vu un homme effondré à la barre mais qui, lui non plus, n'a pas su dire pourquoi, pendant toutes ces années, il n'a rien fait pour sauver Amandine.
Speaker 5: Alexandra Gonzalez, vous êtes toujours sur le plateau. Ce qui est toujours frappant dans ces affaires où on va souvent au plus loin de l'horreur, c'est qu'il y a beaucoup de questions, beaucoup de zonons et beaucoup d'alertes qui n'ont pas été suivies de signalements, de faits et de prises en compte.
Speaker 6: C'est aussi l'un des enseignements de nouveau de cette affaire. Oui, vous avez raison de dire de nouveau parce que c'est une fois de trop à chaque fois dans tous les dossiers de maltraitance infantile, ce qui apparaît régulièrement, c'est qu'il y a eu des signalements, qu'il y a eu des voisins qui ont entendu, qu'il y a eu des juges qui ont été saisis. Là, en l'occurrence, il y a eu trois signalements concernant la situation d'Amandine. Trois fois, la situation a été portée à la connaissance d'un magistrat et trois fois, un juge a estimé qu'il n'y avait pas lieu de placer ailleurs Amandine et de la retirer de la garde de cette mère et de ce beau-père qui l'ont menée, on le rappelle, à la mort parce qu'ils ne l'ont pas nourrie. Elle est morte de faim, elle est morte des blessures. 28 kilos, 1m55. Je ne sais pas si on peut mesurer ce que c'est à 13 ans de mourir de faim après avoir été affamée, après avoir été battue. Il y a eu ces signalements, il y a eu les voisins qui ont pu raconter qu'ils avaient connaissance, qu'il se passait quelque chose. Mais personne n'a parlé ou en tout cas parlé suffisamment fort pour sauver Amandine. Il y a cette scène bouleversante qui nous a été racontée par Mélanie Bertrand qui a assisté à ce procès lorsqu'une surveillante du collège où elle était internée raconte qu'on est en mars 2020 et à la télévision, il y a Emmanuel Macron, le chef de l'État, qui annonce qu'il va y avoir un confinement et que tous les établissements vont être fermés et Amandine raconte cette surveillante de collège à la barre. Amandine comprend qu'elle va devoir rentrer chez elle et elle s'effondre en sanglots et elle dit je vais mourir. Et ça, cette surveillante est venue le raconter à la barre.
Speaker 7: — Retour à Montpellier avec une nouvelle réaction à tenir avec elle. Compte tenu de ses aveux, compte tenu des regrets qu'elle a exprimés à l'audience, elle a décidé d'ores et déjà d'accepter la peine qui a été prononcée par la cour d'assises de l'Hérault pour éviter d'imposer à ses enfants qui sont avant tout des victimes la charge émotionnelle et la douleur d'un nouveau procès. — Et elle, comment elle réagit à cette peine évidemment très lourde ? — Bon là, pour l'instant, c'est un peu tôt pour dire ça. Elle a encaissé le choc. Elle est évidemment un peu sonnée, mais elle a décidé d'ores et déjà de ne pas faire appel. — Vous aviez pratiquement imploré les jurés d'être mesurés juste, humain. Vous n'avez pas été entendus, apparemment. — On a fait passer des messages. Après, pour mesurer, si vous voulez, dans ce cadre de sentence, où est la part de symbole, je commenterai pas la décision de la cour à ce niveau-là. La décision est prononcée, elle est acceptée. Et je crois que c'est bien pour tout le monde.
Speaker 1: — Elle n'a pas réussi à expliquer pourquoi, finalement. Elle a avoué, mais elle n'est pas allée plus loin dans ses explications. C'est impossible pour elle de dire quoi ?
Speaker 7: — Je pense qu'elle s'est déverrouillée pendant ce procès et que le processus interne sera plus long pour arriver à faire le cheminement intellectuel qui lui permettra de comprendre ce qui s'est passé.
Speaker 3: — Vous dites « déverrouillée ». Ça veut dire quoi ? Comment vous l'expliquez ? Deux fois oui, c'est ça ?
Speaker 7: — Mais je pense que c'est une femme qui s'est enfermée dans le déni pendant des années, qui souffrait intérieurement et qui refusait d'admettre qu'elle puisse traduire son malaise intérieur par des violences sur ses enfants. Il faut aujourd'hui qu'elle l'accepte. Il faut aujourd'hui qu'elle en comprenne les mécanismes. Et peut-être doit-elle se faire aider pour l'avenir avec des psychiatres et des psychologues.
Speaker 3: — Et vous pensez que ce procès peut la faire avancer, justement ?
Speaker 7: — On a fait une avancée considérable, me semble-t-il. Elle a avoué l'inavouable. Elle s'est attribué un qualificatif qui ne correspond pas à la réalité. Mais elle a aujourd'hui un cheminement intérieur à poursuivre.
Speaker 3: — Vous pensiez qu'elle pouvait aller plus loin, Mardissoir ?
Speaker 7: — Non, je pouvais pas le penser, puisque j'ignorais qu'elle allait, sous le coup de l'émotion que nous avons tous partagée, elle aussi être ébranlée et décider d'avouer les faits qui lui étaient reprochés.
Speaker 2: — Vous avez un coup scolaire contre le système. Pas le système Pissarra, mais le système.
Speaker 7: Mais disons que dans ce genre de dossier, on ne peut pas faire l'économie de tirer les leçons d'un drame pareil. Et il est évident que quand même ce qui s'est passé aurait pu être évité s'il n'y avait pas eu quelques décisions malheureuses qui n'ont pas tenu compte d'éléments médico-légaux qui étaient établis dans un contexte où 3 signalements précédents avaient été effectués.
Speaker 3: — Elle a toute faim. Avant que les jurés se retirent pour délibérer, elle a une pensée pour les enfants, c'est ça ?
Speaker 7: — Mais là, elle se retire. Elle décide de ne pas faire appel. Et cette décision, c'est surtout une décision qu'elle dédie à ses enfants victimes. — C'est pour eux ? — C'est exclusivement pour eux.
Speaker 3: — Et c'est décrit comme monstrueuse. Vous défendiez l'inverse. C'est pas monstrueuse.
Speaker 7: — Effectivement, il n'y a personne qui peut être qualifié de monstre. Il y a des actes qui sont monstrueux. Mme Pissarra a décidé de s'attribuer le qualificatif que tout le monde avait sur le bout des lèvres. Mais effectivement, la justice est passée pour venir dire qu'elle était un être humain qui avait pu avoir des comportements inhumains.
Speaker 4: — Donc la question de défaillance du système de protection de l'enfance, ça a été entendue, selon vous ?
Speaker 7: — Je crois que la défense de Mme Pissarra n'a pas été la seule voie à dénoncer ces défaillances. Je crois que mes consœurs qui représentaient les associations se sont unis à nous pour dénoncer le fait que depuis de trop nombreuses années, d'ailleurs, il y a des défaillances à ce niveau et qu'aujourd'hui, on vient constater les dégâts. — Juste une chose. Quand on parle d'horreur, d'atrocité, d'abomination pendant toute une semaine, c'est dur d'être audible, non, quand on est en défense ? — Ah mais c'est sûr qu'avec maître Deleuze, on avait une tâche extrêmement difficile, parce que si la parole de l'accusé était à chaque instant une faute supplémentaire, celle de ses avocats était elle aussi contenue, limitée dans l'horreur de ce qui était reproché et dans la délicatesse pour ne pas blesser les victimes plus avant. — Merci.
Speaker 5: — Jean-Marc Darriade, l'avocat de la maire de La Petite-Amandine. On va revenir... Bonjour, pardon. Je vais vous accueillir. Bonjour, maître Vanessa Edberg. Merci d'être sur le plateau, avocate spécialisée en droit des étrangers. On devait parler ensemble d'un autre dossier, mais j'ai profité de votre présence dans un instant pour analyser ce qui se passe. Avant cela, je voudrais qu'on revienne à la fois dans un instant avec vous, mais Mélanie Bertrand est de nouveau avec moi. Mélanie, ce qui est important, et c'est ce que vous nous avez permis de suivre à l'instant,
Speaker 1: a priori, il ne devrait pas y avoir d'appel de la maire d'Amandine. — Oui, c'est ce que son avocat vient de déclarer. En effet, elle a pris mesure de la douleur infligée à toutes les parties civiles. Elle a aussi compris. Finalement, elle a accepté cette peine prononcée ce soir par les jurés. La maire d'Amandine, Sandrine Pissarra, qui est donc condamnée à la réclusion criminelle à perpétuité, elle ne fait pas appel. Alors c'est ce que nous disent ses avocats ce soir, mais elle a encore 10 jours de réflexion tout de même. Quant au beau-père Jean-Michel Croce, il a écopé ce soir de 20 ans de réclusion criminelle. On n'a pas encore pu parler à ses avocats. On ne sait pas quelle va être leur décision. C'est une peine très lourde. Il en courrait 30 ans de réclusion criminelle. Tout à l'heure, l'avocat général avait eu des mots très sévères à son encontre. Il avait parlé d'un lâche collabo, de quelqu'un qui avait tout vu, tout entendu, mais qui n'avait rien fait pour sauver Amandine. Finalement, l'exécutant d'un système totalitaire mis en place par la propre maire d'Amandine. On posera la question, bien sûr, tout à l'heure à ses avocats.
Speaker 5: Merci beaucoup, Mélanie. Priorité à vous. Alexandra González, on refait le bilan de ce verdict et des principales informations depuis que nous l'avons appris.
Speaker 6: — Oui. Alors la maire d'Amandine a été condamnée à une peine de prison à perpétuité, donc le maximum qu'elle encourait, avec 20 ans de sûreté. C'est-à-dire que pendant 20 ans... — Et on retourne à Montpellier pour la suite des réactions.
Speaker 3: — La réaction au verdict... — Oui. — Maître Mercier, une réaction à ce verdict qui vient de tomber il y a quelques jours ?
Speaker 8: — Le verdict à chaud, c'est toujours difficile d'avoir une réaction. Sur l'éventualité d'un appel, on va en discuter avec notre client. On imagine qu'il y a des choses qu'on a exposées, qui ont été entendues, probablement pas toutes compte tenu de la décision. Maintenant, il faut qu'on en discute avec notre client.
Speaker 7: — Le fait que la peine soit alourdie, par rapport à ce que vous avez dit ?
Speaker 8: — C'était des réquisitions qui étaient, on peut dire, équilibrées. Cette éventualité, on s'y attendait, à ce que ça soit alourdie. On retient qu'il n'y a pas de période de sûreté. On retient que compte tenu de la personnalité de notre client, il y a des perspectives pour lui. Et c'est de ça dont on va discuter avec lui.
Speaker 9: — Est-ce que vous vous changez le mot « collabo » ? Quelqu'un employé, en général, vous en dit quoi ?
Speaker 8: — Les outrances, il y en a eu beaucoup depuis 3 ans et demi. Il y en a eu beaucoup trop. Ces termes-là, pour nous, c'est insupportable. Ça fait 3 ans et demi que ça dure, donc on s'y était malheureusement un peu habitués. — Très rapidement, mais il faut qu'on aille le voir en détention pour en discuter.
Speaker 9: — Votre sentiment par rapport à la décision qui a été rendue ? — Notre sentiment est identique. Mais par rapport à la décision qui a été rendue, bien évidemment, vous annoncez 20 ans à un homme. Il doit accuser le coup. Il doit le digérer. Aujourd'hui, maintenant, c'est l'heure et c'est le temps de la réflexion. La peine, elle est scalée. La cour en a décidé. Et maintenant, nous allons devoir réfléchir avec notre client.
Speaker 3: — Quels sont les enseignements, maître, que vous tirez de ce procès pour votre client ?
Speaker 8: — Aucun enseignement. C'est pas le temps des enseignements. C'est un procès. C'est des décisions. C'est dur. C'est lourd. Pas d'enseignement.
Speaker 3: — Merci. — Excusez-moi.
Speaker 5: — En direct, une nouvelle réaction. Mélanie Bertrand, les avocats du beau-père condamné à 2 ans de plus que ce qui avait été requis contre lui, à savoir 20 ans de réclusion.
Speaker 1: — Oui, effectivement. Vous venez d'entendre maître Grégoire Mercier. C'est l'un des avocats de Jean-Michel Croce qui a expliqué qu'il n'avait échangé que quelques mots avec son client et qu'il verrait plus tard pour ce qui est de faire appel. Tout à l'heure, on a entendu Jean-Marc Darigade. C'est l'un des avocats de la mère d'Amandine de Sandrine Pissarra. Et lui, tout de suite, a eu ces mots. Il a expliqué que sa cliente comprenait la peine à laquelle elle était condamnée, la réclusion criminelle à perpétuité, qui est bien sûr la peine maximale avec 20 ans de sûreté. Pour autant, elle ne souhaite pas faire appel parce qu'elle comprend cette peine. Et aussi, elle ne veut pas infliger une nouvelle épreuve à toutes les parties civiles. On a vu ces derniers jours les enfants de Sandrine Pissarra se succéder à la barre des moments forcément difficiles. Je me rappelle du témoignage d'Ambre. C'est la grande sœur d'Amandine. Elles ont seulement un an d'échange. Elle a vu sa sœur se faire frapper et elle-même était sous l'emprise de sa mère. On l'a vu témoigner à la barre et à la fin, fondant l'arbre, en expliquant qu'elle aimait toujours sa mère malgré les mauvaises contraintes, malgré la mort d'Amandine.
Speaker 10: J'ai compris la mesure de l'horreur et du calvaire qu'a vécu Amandine. L'enseignement que vous en tirez ? J'en tire l'enseignement qu'il faudrait que peut-être les professionnels de la protection de l'enfance se réunissent et réfléchissent à la façon d'améliorer les choses. Ca a mis au jour des dysfonctionnements ? Ca a mis au jour qu'il y avait eu des signalements, mais que les suites données à ces signalements n'ont entraîné aucune réaction puisqu'il n'y a pas eu de mesure d'assistance éducative qui a été prise. Pas non plus de suite sur la plainte et l'enquête qui a été diligentée. Quel regard vous portez là-dessus ? Mon regard c'est le fait qu'on ne pourra jamais empêcher ce genre de situation. Mais si on peut sauver 1, 2, 3, 10 enfants parce qu'on améliore le système et les processus, ça sera toujours ça d'important pour les enfants et pour nous aussi.
Speaker 4: C'est toujours l'affaire de trop pour dénoncer ces défaillances ?
Speaker 10: C'est toujours l'affaire de trop pour dénoncer des défaillances. On aimerait que personne ne vive ce genre de procès, surtout que jamais un enfant meurt de cette façon, ni ne meurt tout court sous les coups d'un parent. Après il y a sûrement des choses à faire, peut-être des visites inopinées au moment des évaluations sociales pour qu'on ne soit pas dans une maison témoin. Que peut-être aussi lorsqu'un enfant est terrorisé, lorsqu'il parle à son institutrice, on ne prévienne pas les parents. Que peut-être il y a un fichier centralisé des informations préoccupantes quand il y a du nomadisme, nomadisme scolaire comme on a pu le voir là, et nomadisme aussi des parents qui changent de département. Il y a encore beaucoup de choses à faire je crois.
Speaker 4: C'est ce que je voulais vous demander, n'a-t-il pas eu de raté précis ?
Speaker 10: Alors il n'y a pas de raté précis, il y a un constat du fait que le système institutionnel n'a pas fonctionné. Parce que si peut-être il y avait eu plus de place pour la parole de cet enfant, si lorsqu'un enfant se rétracte au service de police, on ne considère pas que c'est cette déclaration qui vaut parce que peut-être les confidences faites à l'école sont des confidences qui sont recueillies dans un cadre où les parents ne sont pas intervenus pour venir dire à leur enfant maintenant tu dis ce que je te dis de dire, et bien peut-être que s'il y avait un avocat lorsque les enfants sont entendus par les services de police, un administrateur ad hoc de désigner pour qu'on puisse avoir un échange en tête à tête avec l'enfant, peut-être que les choses auraient été différentes ou pas. Mais en tout cas si ça peut servir pour les autres, parce que peut-être que pour un autre enfant ça pourrait être différent.
Speaker 5: On va vous retrouver Mélanie Bertrand, vous êtes à Montpellier pour BFM TV. Vous nous avez permis de suivre évidemment l'ensemble des réactions à l'issue de ce verdict dans le procès de la mort d'Amandine, retrouvée affamée, battue le 6 août 2020. Sa mère et son beau-père étaient jugés. Je voudrais que vous nous rappeliez au-delà du contexte évidemment les peines qui ont été rendues ce soir.
Speaker 1: Alors la mère d'Amandine, Sandrine Pissarra, c'est une femme de 54 ans et ce soir elle écope de la peine maximale, la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 20 ans. Ça veut dire que pendant 20 ans elle n'aura aucune possibilité de sortir de détention. Son compagnon de l'époque qui vivait avec elle sous le même toit depuis 4 ans, Jean-Michel Croce, lui il écope de 20 ans de prison. La mère d'Amandine, elle était jugée pour acte de torture et de barbarie ayant entraîné la mort, lui pour privation de soins et de nourriture. En fait c'est tout un système qui avait été mis en place par la mère d'Amandine qui depuis sa plus jeune enfance avait pris l'habitude, si on peut dire comme ça, de frapper sa fille de la violenté. Amandine était frappée, les frères aussi, les frères et sœurs aussi étaient violentés mais la mère a avoué finalement qu'elle avait focalisé sur Amandine et cette petite fille devenue adolescente était vraiment devenue le souffre aux douleurs de sa mère. Les derniers mois, vous savez on est en mars 2020, il y a le confinement, alors qu'Amandine est interne dans un collège, elle se retrouve tous les jours au domicile de sa mère, sa mère qui va aller crescendo dans les violences en enfermant sa fille les derniers mois dans un petit cagibi de 6 mètres carrés. On a vu les images dans la salle d'audience, c'était terrible. L'adolescente est nue, frappée quasiment quotidiennement, soumise à des punitions sans fin et puis il y a aussi la privation de nourriture. Amandine est morte alors qu'elle ne pesait plus que 28 kilos et le médecin légiste qui est venu ici déposer au tribunal a expliqué que certainement les dernières semaines de sa vie elle devait quasiment totalement être privée de nourriture. C'est la raison pour laquelle les jurés l'ont condamnée ce soir à la peine maximale.
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