Opérations de sauvetage du GIGN : Récit du colonel Yannick
Le colonel Yannick détaille l'opération du GIGN pour libérer deux otages, David Balland et sa compagne, sans recours aux armes.
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Enlèvement du cofondateur de Ledger le témoignage du chef des opérations du GIGN en intégralité
Added on 01/27/2025
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Speaker 1: — Bonjour. Vous êtes le colonel Yannick. Vous êtes le chef des opérations au sein du GIGN. Et vous êtes celui qui avait piloté les opérations de sauvetage des 2 otages, David Belland et sa compagne, et qui avait permis de les retrouver vivants. Ils ont été enlevés mardi matin très tôt à leur domicile. Vous, au GIGN, quand recevez-vous l'alerte ? Et que vous dit-on à ce moment-là ?

Speaker 2: — Alors nous recevons l'alerte mardi en début d'après-midi de la gendarmerie locale. Et c'est comme ça que fonctionne la gendarmerie. C'est-à-dire que dès qu'elle se retrouve confrontée à une situation qui la dépasse, elle fait appel au GIGN. Dès qu'il y a une notion de dangerosité, dès qu'il y a des techniques particulières à mettre en œuvre et une sensibilité... Et là, on est dans ce cas typique. Sur les enlèvements, les prises d'otages et les crises de cette nature, la gendarmerie locale fait appel au GIGN. Donc début d'après-midi, nous sommes alertés. Nous avons une vision qui est assez finalement floue de la situation. C'est que 2 personnes ont été enlevées. On sait qu'une vidéo a été diffusée de ces personnes enlevées. Et donc c'est notre base de travail sur laquelle nous partons, donc dès le mardi après-midi, dans le Cher pour prendre en compte

Speaker 1: la situation. — Comment vous savez qu'il faut aller dans le Cher ? Comment vous arrivez à localiser David Ballant ?

Speaker 2: — Alors on sait qu'il faut aller dans le Cher, puisque c'est dans le Cher que David Ballant est enlevé. Et c'est dans le Cher que l'enquête commence. Donc nous nous portons dans le Cher. Et là, à ce moment-là, nous nous portons en appui de la gendarmerie qui est déjà mobilisée, des services d'enquête de la gendarmerie et de l'unité nationale cyber, puisqu'il y a une dimension cyber. Vous l'avez compris, on est dans le milieu de la crypto-monnaie. Donc il y a une dimension à la fois physique sur le terrain et une dimension cyber prise en compte par cette unité nationale cyber. Donc c'est dans le Cher que tout converge. Et c'est là que nous allons chercher des renseignements, recouper des informations qui vont nous permettre de tomber sur plusieurs adresses que nous allons vérifier, dont celle où se trouve

Speaker 1: finalement David Ballant avec ses preneurs d'otages. — Quand vous retrouvez David Ballant, où est-il à ce moment-là ? Comment vous le localisez ?

Speaker 2: Et à quoi ressemble la situation ? — Alors une fois de plus, c'est des recoupements d'informations, des enquêtes à la fois dans le volet numérique mais aussi des recherches sur le terrain qui permettent de localiser cette adresse. Et donc il s'agit d'un domicile plutôt isolé en milieu rural sur la commune de Châteauroux. Et donc là, nous déclenchons cette intervention quasiment 24 heures après avoir été sollicité. Donc nous sommes le mercredi en début d'après-midi. Et une intervention que nous faisons avec un maximum d'effets de surprise qui nous permet d'arrêter en souplesse les ravisseurs en les surprenant. Donc c'est-à-dire qu'ils sont pris au dépourvu quand nous arrivons sur ce domicile. Et donc nous arrivons à libérer M. Ballant sain et sauf et arrêter ces ravisseurs. — Vous êtes combien en ce moment-là ? — Alors le GIGN, en tout et pour tout, sur l'opération, aura déployé sur le terrain 90 personnes sur une durée de 48 heures et qui nous aura permis d'agir sur plusieurs sites en simultané, dont ce site de Châteauroux.

Speaker 1: — Quand vous menez cet assaut, vous dites que vous prenez les ravisseurs par surprise. Vous êtes une dizaine ? Vous êtes plus encore ?

Speaker 2: — On est une vingtaine. Sur les 90, c'est une vingtaine de personnes qui sont projetées sur Châteauroux. Et comme je vous l'ai dit, on était intéressés quand même par plusieurs sites. On faisait des vérifications sur d'autres domiciles, notamment à Vierzon, sur lesquels des images sont déjà sorties. Mais là, pour la séquence de Châteauroux, c'est 20 personnes.

Speaker 1: — Et quand vous pénétrez, que vous prenez les ravisseurs au dépourvu, David Balland est ligoté ? Il est libre de ses mouvements ?

Speaker 2: — David Balland est ligoté. David Balland est ligoté. Et ça, on peut bien le comprendre, à choquer.

Speaker 1: — Et vous allez réussir à tout de suite le récupérer et interpeller des personnes qui se trouvent là ?

Speaker 2: — Ça se fait vraiment simultanément. Donc nous pénétrons dans ce domicile en surprise, en prenant, comme je vous l'ai dit, les ravisseurs en les surprenant. Et donc c'est dans le même temps qu'on tombe. Ils sont colocalisés. Ils sont tous dans ce domicile,

Speaker 1: et les ravisseurs et David Balland. — Quand vous arrivez, donc il n'y a que David Balland, est-ce que c'est une surprise pour vous

Speaker 2: de découvrir que sa compagne n'est pas sur place ? — Nous découvrons sur place que David Balland est seul. Et donc notre préoccupation, puisque nous, notre priorité, c'est quand même de libérer les otages sains et saufs, et notre deuxième priorité, c'est d'arrêter les ravisseurs. Donc une fois qu'on a libéré David Balland, on comprend qu'il nous faut très vite nous réarticuler pour aller vérifier d'autres adresses et trouver sa compagne. — Et donc là, les opérations vont se poursuivre ? — Et là, les opérations se poursuivent, à la fois les enquêtes dont je vous ai parlé, donc des enquêtes de terrain avec nous concernant le GIGN, notamment des filatures de la recherche active sur le terrain, les enquêtes menées par les enquêteurs avec des auditions, avec même le fait d'entendre le voisinage, de faire des recherches sur des supports numériques que nous avons trouvés, notamment dans les domiciles que nous avons déjà vérifiés, dont celui où se trouvait David Balland. Donc il y a ces deux aspects, donc l'enquête et les recherches sur le terrain, qui nous permettront de retrouver le véhicule à étampes où se trouve la conjointe de David Balland 24 heures après avoir libéré David Balland.

Speaker 1: — Ça veut dire que les preneurs d'otages ont laissé des indices derrière eux ? — Ça veut dire qu'ils ont laissé des indices, mais ils en laissent toujours quelque part. — Et quand vous localisez ce véhicule, lorsque vous décidez de mener cet assaut, ce véhicule est en mouvement ? Il y a une course-poursuite ? Ou est-ce qu'il est à l'arrêt sur ce parking à étampes ?

Speaker 2: — Ce véhicule est à l'arrêt sur ce parking à étampes. Et nous prenons le parti de mener un assaut, là encore, en surprise et en souplesse sur ce véhicule. Et ce parti pris est le bon, puisqu'on tombe à l'arrière du véhicule sur la conjointe de David Balland et sur ses ravisseurs. Ce qui fait que nous avons à la fois nos deux objectifs remplis, l'otage libéré, sain et sauve, et les ravisseurs interpellés.

Speaker 1: — Et lorsque vous avez mené ces deux assauts, la procureure de Paris a indiqué qu'aucun tir n'avait eu lieu. Vous n'avez pas eu besoin d'utiliser vos armes ?

Speaker 2: — Alors nous, nous utilisons nos armes dans le cadre de la légitime défense de soi ou d'autrui. Et dans ce cas-là, comme je vous l'ai dit, nous avons surpris nos ravisseurs. Et donc ils n'ont pas eu le temps de commettre des actes agressifs. Donc c'est une arrestation vraiment en souplesse qu'on estime, parce que c'est jamais une garantie de pouvoir réussir une arrestation par surprise en souplesse. Et donc nous, on estime au niveau du GIGN qu'on était très proche de la perfection. C'est-à-dire que si on avait voulu faire mieux,

Speaker 1: je ne sais pas si c'était possible. — Y compris au domicile où se trouvait David Balland, on peut supposer que les personnes n'étaient pas toutes au même endroit. Et ils se sont rendus sans difficulté ou c'est parce que vous les avez interpellés ?

Speaker 2: — C'est parce que nous les avons surpris. En fait, ils n'ont pas eu le temps de faire autre chose. Et donc nous sommes arrivés très vite sur eux. Et nous les avons maîtrisés très vite, ce qui a coupé court à toute réaction, que ce soit ou la fuite, qui était quand même

Speaker 1: un scénario privilégié, ou la confrontation. — Et sur le deuxième assaut, vous étiez combien ? Une vingtaine sur le premier, sur le deuxième, lorsque vous arrivez sur ce véhicule ? — On est sur les mêmes volumes.

Speaker 2: — Une vingtaine de personnes, également. — C'est ça. Sur les 90, il y avait une vingtaine de personnes.

Speaker 1: — Vous avez parlé pour ces deux assauts d'arriver par surprise des gendarmes du GIGN. Est-ce à dire qu'il n'y a pas eu de négociation ?

Speaker 2: — Si, il y a eu une négociation. Il y en a toujours dans les cas de prise d'otages et d'enlèvement. Mais ce n'est pas incompatible avec des assauts en surprise. C'est-à-dire que le GIGN, une fois de plus, offre à la gendarmerie dans ces cas-là un coup complet avec divers outils, donc l'interpellation, qui est une fin en soi, mais tout ce qui gravite autour de l'interpellation et qui va permettre l'interpellation et la libération des otages. Et donc dans tous ces outils, il y a la négociation, qui est un outil finalement parmi d'autres. Mais on a aussi une cellule cyber, qui a travaillé avec l'unité nationale cyber, et plein d'autres moyens, enfin une cellule dédiée à la recherche en source ouverte, donc qui pouvait aussi nous apporter des éléments. Donc tout contribue. Le GIGN, en gros, se met en ordre de bataille pour permettre la libération des otages et l'interpellation des ravisseurs.

Speaker 1: — Et en l'occurrence, dans ce dossier, en quoi consistaient les négociations ?

Speaker 2: — Alors le détail des négociations, vous vous doutez bien que je ne vous le donnerai pas, tout simplement parce qu'on ne va pas donner nos recettes à nos adversaires. Néanmoins, la négociation au GIGN, on en attend beaucoup. C'est un outil dans la main du commandement. On peut l'utiliser comme on peut ne pas l'utiliser. Mais en général, elle nous permet... Elle contribue à recueillir du renseignement. Elle nous permet de gagner du temps. Elle nous permet... Elle est surtout utilisée à des fins tactiques, la résolution de l'affaire.

Speaker 1: — Et dernière question sur ces 48 heures qui se sont écoulées entre la séquestration et puis finalement la libération du deuxième otage, la compagne de David Balland. Comment vous décririez l'état d'esprit des équipes que vous avez pilotées ?

Speaker 2: — L'état d'esprit, il est déterminé. En fait, on rentre au GIGN pour ça. On rentre au GIGN pour sauver des otages. On rentre au GIGN pour résoudre des crises complexes, qu'il s'agisse de crises de nature terroristes ou de crises liées à la criminalité organisée. Donc les gens du GIGN, finalement, c'est leur cœur de métier. Ils sont rentrés pour ça. Et donc ils sont déterminés. Et là, le GIGN aura vraiment tout donné pendant 48 heures. Et s'il avait fallu que ça dure plus longtemps ou s'il avait fallu mobiliser

Speaker 1: plus de monde, nous aurions été capables de le faire. — Merci beaucoup, colonel Yannick, pour cette interview. — De rien. Merci à vous.

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