Speaker 1: Il est 8h32 et vous êtes bien sur RMC et BFM TV. Bonjour Manuel Bompard. Merci de répondre à mes questions. Ce matin, vous êtes le coordinateur de la France Insoumise, vous êtes député des Bouches-du-Rhône. On va parler retraite, on va parler emploi, on va parler politique. Évidemment, ce gouvernement qui, à vos yeux, n'est qu'en sursis. Et vous l'avez dit, la censure finira par tomber. On va voir quand. Retraite d'abord. Qui doit payer ? Qui doit payer pour les retraites ? L'effort, il faut faire peser sur qui ? Sur les salariés ? Sur les entreprises ? Voir sur les retraités eux-mêmes ?
Speaker 2: D'abord, si on veut, comme je le souhaite, abroger la réforme des retraites de Mme Borne, c'est-à-dire revenir dans un premier temps au moins à l'âge de départ à la retraite à 62 ans, il faut effectivement des financements supplémentaires. Et je crois que ces financements, en tout cas, c'est les propositions que nous avions faites dans le débat parlementaire, ils peuvent passer par exemple, en tout cas c'est ce que nous avions proposé, par une légère surcotisation pour les plus hauts revenus. Les gens qui gagnent plus de 8000 euros par mois, qui pourraient payer une légère surcotisation qui permettrait de financer l'abrogation de la réforme des retraites. Et puis on peut aussi financer le régime des retraites en organisant le retour à l'emploi d'un certain nombre de personnes. Vous savez qu'à chaque fois qu'une personne travaille, elle paye des cotisations et donc elle contribue au financement du régime de retraite. Et on va le voir sur le fond de l'emploi, en ce moment c'est plutôt fragile justement. Et je vous donne un dernier exemple. Si vous avez des mesures volontaristes et contraignantes pour l'égalité salariale entre les femmes et les hommes, vous pouvez générer 10 milliards d'euros de recettes supplémentaires pour notre régime de retraite. Donc il y a plein de manières de pouvoir financer le régime des retraites. Mais puisque votre question fait référence à la... La proposition qui a été faite hier par la ministre du Travail, qui propose je crois...
Speaker 1: Elle propose de taxer davantage les retraités qui, je cite, peuvent se le permettre et elle fixe à autour de 2000 voire 2500 euros par mois de retraite, de pension de retraite, ce qui pourrait être taxé davantage.
Speaker 2: D'abord je trouve ça scandaleux d'un point de vue démocratique puisque en fait c'est précisément la même logique que celle qui était dans le projet de loi de finances de la sécurité sociale de M. Barnier. Vous savez quand il proposait de reporter la revalorisation des pensions de retraite, au 1er janvier, et finalement il proposait de les reporter au 1er juillet, et puis dans un deuxième temps il proposait de ne pas revaloriser les pensions de retraite pour ce qu'il considérait comme étant les retraités les plus aisés. Mais en fait cette mesure elle a été censurée. C'est-à-dire qu'il y a une majorité parlementaire qui a fait tomber le gouvernement de M. Barnier précisément en particulier sur cette mesure. Donc si cette mesure a été chassée, c'est pas pour qu'elle revienne deux jours après par rapport.
Speaker 1: Mais alors si je vous suis dans cette logique-là, ça veut dire que rien de ce qu'il n'y avait dans le budget avant la censure ne devrait être repris ?
Speaker 2: Non, je dis que les points qui ont été manifestement les points qui ont conduit à la censure du gouvernement de M. Barnier, d'un point de vue démocratique, on peut quand même considérer qu'il ne s'agit pas aujourd'hui de venir les ramener.
Speaker 1: Vous dites qu'il faut faire à un moment contribuer les plus aisés. Oui. Quand la ministre du Travail dit qu'il faut faire contribuer les retraités les plus aisés, vous dites que ce n'est pas ce qu'on veut ?
Speaker 2: Mais franchement, Apolline de Malherbe, un retraité qui gagne 2 000 ou 2 500 euros par mois, ce n'est pas parmi les pourcentages de retraite. C'est parmi les pourcentages de retraite de la population les plus aisés dans notre pays. Ce n'est pas vrai. Je veux dire, vous n'en sortez pas si bien que ça aujourd'hui avec une pension de retraite de 2 000 ou 2 500 euros par mois. Donc si on veut organiser, parce qu'effectivement, moi, je suis favorable au partage de la richesse, à une plus grande solidarité. Et pour ça, on a des outils fiscaux pour le faire. C'est par exemple une réforme fiscale qui permet de rendre plus progressif l'impôt sur le revenu pour que les très hautes fortunes contribuent davantage. Par exemple, dans le débat budgétaire, nous avions proposé une taxe sur le patrimoine. Par exemple, de 1 % sur le patrimoine des milliardaires. Ça, par exemple, vous voyez, ça concernait 147 personnes et ça permettait de faire rentrer dans les caisses de l'État 14 milliards d'euros.
Speaker 1: Donc on ne touche pas, Manuel Bompard, aux retraités ?
Speaker 2: Non, je pense qu'on a des règles. On a la revalorisation des pensions de retraite chaque année. Ça concerne tous les retraités. Et ensuite, si on veut renforcer la justice fiscale dans notre pays, et moi, j'y suis favorable, ça passe par l'impôt sur le revenu. Par exemple, on crée 14 tranches d'impôt sur le revenu pour que les 1 % des plus riches, les 0,1 % des plus riches payent effectivement... Donc... ...à proportion de leur revenu, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
Speaker 1: Non, mais c'est important quand on sent bien que ça tourne quand même autour de cette idée, à un moment ou à un autre, de taxer davantage les retraités. Parce qu'il y a eu cette proposition de la ministre du Travail hier. Alors, le gouvernement a immédiatement dit qu'elle parlait en son nom propre. Et donc, ce n'était pas forcément la position du gouvernement. Mais du côté, on le voit bien, du MEDEF, par exemple, il suggère de supprimer l'abattement de 10 % sur l'impôt sur le revenu des retraités. Tout cela, vous êtes contre ? C'est-à-dire, vous dites, on ne touche pas aux pensions des retraités.
Speaker 2: Moi, j'essaye de défendre une position qui est une position cohérente. Et une position cohérente, c'est une position qui, pour financer et pour lutter contre le déficit, parce qu'on a effectivement une difficulté de déficit aujourd'hui, met à contribution effectivement les plus riches en France. Et les plus riches en France, ce n'est pas les retraités qui gagnent 2 000 ou 2 500 euros par mois. C'est les 1 % les plus riches. C'est les 0,1 % les plus riches. C'est les grandes entreprises qui font des bénéfices et des profits extraordinaires, qui versent des dividendes records. Et eux, ils peuvent être mis davantage à contribution. Mais essayer de faire croire que c'est une mesure de justice fiscale d'aller s'en prendre aux retraités qui gagnent 2 000 euros par mois, ça me paraît vraiment très malhonnête.
Speaker 1: Sur la réforme de la réforme des retraites, le conclave des partenaires sociaux devrait commencer à se mettre en place. Il y a eu une première réunion la semaine dernière. Vous êtes toujours contre ?
Speaker 2: Mais en fait, il y a eu un piège grossier dans ce conclave. Et d'ailleurs, ce piège grossier, il a été confirmé encore hier par la ministre du Travail à l'Assemblée nationale en réponse à une question d'une de mes collègues écologistes. Elle a dit les choses franchement. Elle a dit... Soit l'ensemble des personnes qui sont dans ce conclave se mettent d'accord, et alors il y aura une proposition qui sera débattue à l'Assemblée nationale sur la base de leur accord. Et s'ils ne se mettent pas d'accord, alors il n'y aura... On reviendra. On revient. Et c'est la réforme actuelle, c'est-à-dire la réforme de Madame Borne, passée en force par 49.3, qui va continuer à s'appliquer.
Speaker 1: Mais pourquoi vous imaginez qu'ils ne se mettent pas d'accord ? Pourquoi vous partez du principe qu'ils ne se mettent pas d'accord ?
Speaker 2: Mais parce que précisément sur la question centrale qui est la question de l'âge de départ à la retraite, puisque c'est le sujet qui a mobilisé les Françaises et les Français, le MEDEF a toujours pris position pour l'âge de départ à 64 ans et n'a jamais envisagé de revenir sur cette mesure. Et donc M. Bayrou a donné dans cette discussion un droit de veto au MEDEF, qui peut tout simplement bloquer toute disposition sur ce sujet.
Speaker 1: Ce matin, mes confrères de Paris Match croient savoir qu'Emmanuel Macron... J'ai bien compris que vous alliez parler du PS, ne vous inquiétez pas, j'ai bien entendu le « ceux qui ont cru ». Mais Paris Match croient savoir...
Speaker 2: Je ne parlais pas spécialement du Parti Socialiste, mais...
Speaker 1: ...qui font partie de ceux qui ont cru peut-être à ce conclave. Mais écoutez ça, Paris Match croient savoir qu'Emmanuel Macron... serait, je cite, « ouvert à une modification de l'âge légal de départ à la retraite », avec une petite astérisque, ce qui est « si le coût du travail n'est pas touché ». Mais imaginons, parce qu'effectivement vous partez du principe que personne ne se mette d'accord, mais imaginons d'abord que les partenaires sociaux se mettent éventuellement d'accord et aboutissent dans leurs discussions. Imaginons aussi qu'un Emmanuel Macron finalement lâche du lest autour de la question de l'âge, et qu'à la fin il se retrouve avec peut-être pour tout le monde un an de gagné, qu'on se trouve entre vos 62 ans et les 64 ans actuels à 63 ans. Qu'est-ce que vous ne dites pas ? Et est-ce que les Français ne se diront pas « ça s'est fait sans eux, sans vous » ?
Speaker 2: Mais imaginons que vous gagnez au loto demain, je serai content pour vous.
Speaker 1: On n'est quand même pas dans du hasard pur.
Speaker 2: On n'est pas dans du hasard pur, mais à un moment, je veux dire, il faut prendre les gens au sérieux sur les positions qu'ils ont exprimées. Je veux dire, le MEDEF et le patronat ont toujours eu une position très claire sur le refus de revenir sur la réforme de Madame Borne. Donc si demain ils ont une révélation, c'est très bien, j'en serai très heureux, je vais vous dire franchement les choses. Si demain ils ont une révélation, et qu'on peut revenir et abroger, la réforme des retraites, j'en serai très heureux. Mais quand même, dans notre démocratie, il y aurait quand même un principe de base, c'est qu'on devrait pouvoir avoir au moins le droit de pouvoir en débattre à l'Assemblée nationale et de pouvoir voter sur le sujet. – Mais vous ne trouvez pas ça bien que les partenaires sociaux en débattent ? – Mais évidemment que je n'ai pas de problème avec le fait que les partenaires sociaux en débattent, ce n'est pas le sujet. Le problème, c'est qu'à la fin, si les partenaires sociaux ne sont pas d'accord, alors c'est la démocratie parlementaire qui devrait trancher sur le sujet. Or, on sait très bien qu'à l'Assemblée nationale, il y a une majorité pour abroger la réforme des retraites, mais quand nous, nous avons inscrit ce texte à l'ordre du jour, c'était dans notre niche parlementaire il y a à peu près un mois et demi, les députés du MoDem, c'est-à-dire de monsieur François Bayrou, ont pourri la discussion, l'ont empêché d'aller à son terme en déposant des amendements d'obstruction.
Speaker 1: – Donc, vous pensez qu'ils ne sont pas honnêtes ?
Speaker 2: – Je pense que c'est un piège, que François Bayrou gagne du temps, qu'il espère comme ça pendant trois mois ne pas être censuré, mais qu'à la fin, ça ne conduira pas, malheureusement, je le regrette, à l'abrogation de la réforme des retraites. Et encore une fois, ça a été encore confirmé hier, parce que vous ne pouvez pas essayer de faire croire aux gens des choses qui ne correspondent pas à la réalité. La vérité, c'est que s'il n'y a pas d'accord de tout le monde dans ce conclave, c'est-à-dire que toutes les gens qui sont autour de la table se mettent d'accord, alors s'il n'y a pas d'accord, alors c'est la réforme actuelle qui continuera à s'appliquer. Donc, je vous le dis franchement, je ne crois pas que ce conclave aboutira sur un miracle.
Speaker 1: – Vous n'y croyez pas du tout à ce conclave, est-ce que ceux qui y croient, c'est-à-dire la CFDT, la CGT réserve pour l'instant, mais ne dit pas non, mais réserve encore un peu son idée de participation ou pas. Et puis du côté des politiques, le Parti Socialiste, est-ce que ça veut dire que pour vous, ils sont en train de se faire complètement avoir ?
Speaker 2: – D'abord, moi je n'ai pas à commenter les décisions des organisations syndicales, elles font leur choix, je comprends que certaines se disent, il y a peut-être un endroit dans lequel on peut bien arracher des choses.
Speaker 1: – Il y a peut-être un truc à gagner.
Speaker 2: – Je comprends, et en même temps, je crois que les réflexions, elles existent aussi dans les organisations syndicales, dans les communiqués qu'elles ont produits, qui dénoncent le caractère vicié du processus, à la fois pour les raisons que je viens de vous indiquer…
Speaker 1: – On les sent au minimum vigilantes.
Speaker 2: – Et à la fois pour les prévisions budgétaires complètement loufoques qui ont été mises sur la table par François Bayrou, puisqu'il a intégré en fait dans le calcul du déficit du régime de retraite, le fait que l'État verse chaque année les retraites des fonctionnaires. Je veux dire, ce n'est pas sérieux, ce n'est pas honnête, c'est une manière de présenter les choses qui est tout à fait biaisée. Donc ça, c'est leur choix. En fait, moi après, je ne reproche pas à des gens de croire ou de ne pas croire à la possibilité d'y parvenir. Par contre, je reproche à des gens de dire quelque chose qui ne corresponde pas à la réalité. Quand, encore il y a quelques jours, je voyais Olivier Faure dire « En tout état de cause, à la fin, c'est l'Assemblée nationale qui votera sur le sujet », ce n'est pas vrai. Ça ne corresponde pas à la réalité de ce qui est sur la table aujourd'hui.
Speaker 1: – Donc il n'est pas juste en train de se faire avoir,
Speaker 2: il est en train de participer pour vous à une forme de mascarade. – Soit il est naïf, soit il essaye de justifier en quelque sorte sa décision de non-censure, et pour ça, il tord un peu la réalité des faits.
Speaker 1: – Je vais y venir dans un instant à la question aussi du nouveau Front populaire, mais quand vous dites… Ce n'est pas très honnête la manière dont les choses sont présentées. Est-ce que le rapport de la Cour des comptes, vous estimez qu'il sera honnête ? Est-ce que vous faites confiance à la Cour des comptes ?
Speaker 2: – En fait, il n'y a pas besoin d'un rapport de la Cour des comptes, Pauline de Malherbe. Il y a déjà quelque chose qui s'appelle le Conseil d'orientation des retraites et qui dit, par exemple, que ces trois dernières années, le régime de retraite, il a été excédentaire en France. Donc après, à plus long terme… – À plus long terme, ils estiment que ce ne sera plus le cas.
Speaker 1: – Voilà.
Speaker 2: Bon, mais souvent, ils ne prennent pas en compte, par ailleurs, les effets induits par le report de l'âge de départ à la retraite, pour que les gens qui nous écoutent le comprennent. Si vous reportez l'âge de départ à la retraite, ça veut dire que vous avez des gens qui, d'habitude, étaient à la retraite, qui finalement vont être sans emploi, donc ils vont devoir être indemnisés parce qu'ils sont au chômage, par exemple.
Speaker 1: – Donc pour vous, ça ne sert à rien de demander à la Cour des comptes ? – Non, je pense qu'on en a déjà les chiffres, on en a déjà les données. – Mais je vous repose la question, puisque la Cour des comptes va faire ce rapport, est-ce que par avance, malgré tout, vous faites confiance à la Cour des comptes ? Est-ce que vous pensez que la démarche de la Cour des comptes est une démarche neutre, honnête ?
Speaker 2: – Évidemment que la Cour des comptes, par principe, est une instance qui, j'espère en tout cas, essaye de formuler les choses de manière honnête. Maintenant, je dis que les hypothèses de départ peuvent influer sur le calcul de fin, parce que quand François Bayrou vient dans son discours de politique générale et dit qu'il manque 50 milliards d'euros dans les caisses de retraite, je vous le disais tout à l'heure, parce qu'en fait, il intègre l'argent versé par l'État pour payer les retraites des fonctionnaires, c'est une manière malhonnête de présenter les choses. Donc j'attendrai de voir, quels sont les documents de la Cour des comptes, mais on a déjà toutes les données sur ce sujet, on a déjà toutes les données, et il est tout à fait possible aujourd'hui de financer, d'abord dans un premier temps, le retour à l'âge de départ à la retraite à 62 ans, c'est-à-dire l'abrogation de la réforme des retraites, et ensuite d'aller plus loin, parce que pour ma part, je suis pour aller plus loin, je suis pour revenir à la retraite à 60 ans, je ne m'en suis pas caché, nous avons défendu cette proposition pendant les élections législatives, et je vous rappelle que les Françaises et les Français ont mis le nouveau Front populaire en tête en termes de nombre de députés à l'Assemblée nationale.
Speaker 1: Qu'avez-vous en tête là, si les élections avaient lieu demain ?
Speaker 2: Je n'en sais rien, vous savez, par définition, vous ne pouvez pas savoir le résultat des élections avant qu'elles aient lieu.
Speaker 1: Vous le savez bien, il y a eu ces élections partielles le week-end dernier en Isère, c'était un siège que vous aviez gagné, que vous avez donc perdu, est-ce que ceux qui ne votent pas pour vous, c'est des bourgeois fascistes ?
Speaker 2: Bon, d'abord je vais vous dire, il y a eu effectivement une élection législative partielle, c'est une circonscription assez particulière, c'est une circonscription que nous avions en quelque sorte arrachée à la droite, c'est une circonscription triangulaire au mois de juillet dernier, c'est une circonscription historiquement de droite, elle a été 5 ans socialiste pendant le quinquennat de François Hollande. Donc nous avions réussi à la gagner, et si nous avions réussi à la gagner, c'est notamment parce qu'il y avait eu une participation très importante, il y avait eu 70% de participation, il y avait eu une mobilisation... La participation a été 35%. D'ailleurs, pardonnez-moi, je suis content qu'on en parle maintenant, mais j'aurais bien aimé qu'on en parle avant,
Speaker 1: parce que peut-être que ça aurait produit...
Speaker 2: C'est ce matin que vous êtes avec moi... Je vous entends, mais je ne fais pas le reproche à vous personnellement, parce que la participation législative partielle, c'est qu'elle passe complètement sous les radars médiatiques, ça ne produit pas de la mobilisation populaire.
Speaker 1: En l'occurrence, quand je vous pose cette question, c'est aussi parce que les arguments de certains de vos camarades, Hercilia Soudet par exemple, ce n'est pas de dire qu'il n'y a pas eu de participation, c'est de dire qu'il a perdu face au bloc, je cite, le bloc bourgeoisophachiste. C'est pour ça que je vous demande
Speaker 2: si ceux qui ne votent pas pour vous sont bourgeois ou fascistes. Je suis en train de répondre, j'essaye de manière... Oui, vous essayez de gagner du temps, vous êtes finalement comme François Bayrou. C'est quand même intéressant de savoir qu'il y a eu 35% de participation. C'est quand même un argument et un paramètre. Bon, maintenant pour le reste, vous savez, il y a quelque chose qui ne m'a pas échappé, c'est qu'au deuxième tour de cette élection législative partielle, le Rassemblement national qui a été éliminé du premier tour a appelé à voter pour la candidate macroniste. Donc il y a eu effectivement une convergence entre le bloc d'extrême droite et le bloc macroniste dans cette élection. Et puis parce que si vous voulez qu'on fasse le tour des arguments sur ce sujet, j'observe qu'à gauche il y a eu aussi des décisions de division. Quand M. Glucksmann, à trois jours du premier tour de cette élection législative partielle, décide de ne pas soutenir le candidat du Nouveau Front populaire, il pose un acte de division. Et une des conséquences de cet acte de division, c'est aussi le résultat. Maintenant, toutes les élections législatives partielles sont des élections plus difficiles. Et s'il devait y avoir des élections demain, je forme le vœu qu'une mobilisation populaire permette au Nouveau Front populaire non seulement de finir en tête,
Speaker 1: mais d'augmenter encore son avance à l'Assemblée nationale. Emmanuel Montparn, il est mort le Nouveau Front populaire ? Enfin, en tout cas en ce moment.
Speaker 2: Il peut être ressuscité, mais pour l'instant il est mort. En tout cas, non, il n'est pas mort. En tout cas d'une majorité des députés du Parti socialiste. Moi je veux saluer les huit députés socialistes qui ont voté la motion de censure avec les députés insoumis, avec les députés écologistes, avec les députés communistes et ultramarins. Donc il y a effectivement 58 députés socialistes qui ont tourné le dos aux engagements qu'ils ont pris devant les électrices et les électeurs. Vous savez, la première phrase du programme du Nouveau Front populaire, c'était « Le Nouveau Front populaire réunit des femmes et des hommes qui veulent construire un projet de rupture avec le macronisme ». Alors quand on a été élu sur la rupture avec le macronisme, on ne sert pas en quelque sorte de force d'appoint pour garantir la continuité de la politique d'Emmanuel Macron.
Speaker 1: Il y a la question du vote sur la censure, il y a la question aussi des discussions avec le gouvernement. Les communistes, par exemple, continuent à discuter. Ils étaient même reçus par Bruno Retailleau sur des questions de sécurité il y a quelques jours. J'imagine que vous avez vu Manuel Bompard. Je vous repose la question. Pour vous, ça ne veut pas dire pour autant que le Nouveau Front populaire est mort ?
Speaker 2: Je pense que toutes celles et ceux qui sont restés fidèles aux engagements qu'ils ont pris devant les électrices et les électeurs, continuent à répondre à cet espoir, à cette aspiration du rassemblement, puisque c'était ça le Nouveau Front populaire, sur un programme qui est un programme de rupture avec le macronisme. Et ça, ça va se poursuivre. Maintenant, je ne vais pas esquiver votre question, je vais vous dire les choses franchement. Dans maintenant deux semaines, le budget va revenir à l'Assemblée nationale. Et probablement, certainement, que le gouvernement va avoir recours à l'article 49.3 pour essayer de passer en force son budget. Dans ce budget, on apprend maintenant depuis plusieurs jours qu'il va y avoir, par exemple, plus d'un milliard de coupes dans le budget de l'écologie, 700 millions de coupes dans le budget de l'enseignement supérieur à la recherche, des coupes dans le budget de la culture, dans le budget du sport, bref, que le Parti socialiste s'est gargarisé d'avoir obtenu la suppression des trois jours de carence, mais que dans le même temps, le gouvernement, au Sénat...
Speaker 1: Et le renoncement aux suppressions des 4000 postes d'enseignants.
Speaker 2: Attendez, et en même temps, je vais y venir, si vous voulez, mais en attendant, parce que c'est quand même important que les gens le sachent, c'est-à-dire que le gouvernement dit, oui, oui, on ne va pas ajouter les trois jours de carence, vous savez, c'est pour les arts et maladies des fonctionnaires, mais au Sénat, le gouvernement fait voter un amendement pour réduire l'indemnisation de 100% à 90%. C'est-à-dire que le gouvernement vient d'accorder le fait de ne pas prendre, finalement, 250 millions d'euros aux fonctionnaires, mais leur impose 800 millions d'euros de prise. C'est quand même important de dire qu'ils ont floué les gens.
Speaker 1: Quand vous dites, dans deux semaines, dans trois semaines, dans un mois ou plus tard, il y aura potentiellement un 49-3 sur le budget, si à ce moment-là, le Parti socialiste censure, vous oublierez qu'ils ne l'ont pas fait initialement ?
Speaker 2: Je vais le prendre dans l'autre sens, si vous voulez bien. C'est-à-dire qu'évidemment que si le Parti socialiste ne censure pas au moment du vote sur le budget, alors il confirmera un changement d'alliance. Et clairement, il se sera mis à dos définitivement du nouveau Front populaire. Ça me paraît être une certitude. Et moi, je forme le vœu que l'ensemble du nouveau Front populaire vote la motion de censure et que le gouvernement soit censuré pour protéger les Français de l'impact de sa politique.
Speaker 1: Il y aura deux candidats de gauche. C'est François Hollande qui le laisse entendre déjà cette semaine. Il dit qu'il y aura deux candidats de gauche. Comment on laisse s'entendre et on comprend qu'il y aura probablement dans son esprit Jean-Luc Mélenchon et lui ?
Speaker 2: Je ne sais pas si François Hollande sera candidat. Ce qui me paraît certain, c'est qu'il est bien mal placé pour représenter la gauche à l'élection présidentielle. Je dois vous rappeler que quand François Hollande a fini son quinquennat de président de la République, il a été dans l'incapacité de se représenter parce qu'il avait tellement rompu avec les aspirations populaires que plus personne ne lui faisait confiance. C'est que le Parti socialiste, dans l'élection suivante, a fait moins de 7% des voix à l'élection présidentielle. Donc il devrait plutôt s'excuser. François Hollande, plutôt que de donner des leçons
Speaker 1: à tout le monde. C'est vrai que Jean-Luc Mélenchon cherche déjà les parrainages ?
Speaker 2: Non, c'est pas Jean-Luc Mélenchon. C'est vrai que La France Insoumise, j'ai signé moi-même un courrier. Il est signé en mon nom d'ailleurs, contrairement à ce que j'ai entendu à la télévision. C'est pas Jean-Luc Mélenchon qui a écrit. C'est moi en tant que coordinateur de La France Insoumise qui ai effectivement envoyé un courrier. Puisque dans l'hypothèse d'une élection présidentielle anticipée, on dispose de 35 jours entre la date de la démission du président de la République et la date de l'élection. Vous y demandez quoi ? Je leur demande s'ils sont prêts à s'engager à parrainer le candidat qui sera investi
Speaker 1: par La France Insoumise. Il n'y a pas le nom de Jean-Luc Mélenchon sur votre courrier ?
Speaker 2: Non, vous pouvez retrouver le courrier, vous verrez. C'est le candidat qui sera investi par La France Insoumise en cas d'élection présidentielle anticipée. Et c'est quand même bien, je crois, de prendre les devants parce qu'il n'est pas question pour nous d'être pris de court dans l'hypothèse d'une élection présidentielle anticipée.
Speaker 1: Vous aviez parlé avec vos camarades du Parti Socialiste, du Parti Communiste, d'Europe Écologie Les Verts,
Speaker 2: de cette initiative ? Non, pas du tout. Heureusement que La France Insoumise peut encore prendre ses dispositions pour pouvoir être en mesure...
Speaker 1: Non, mais je pensais que vous vous parliez entre vous puisque si votre souhait est qu'en cas de présidentielle anticipée, il y ait un candidat global de tout le monde, c'est peut-être la moindre des choses d'en parler avec eux.
Speaker 2: Mais non, puisque nous, nous récoltons les parrainages nécessaires et si d'autres récoltent aussi des parrainages, à la fin, tous ces parrainages iront ensemble. Mais attendez, pardonnez-moi...
Speaker 1: Il y aura une primaire, il y aura une discussion...
Speaker 2: Je ne veux pas mettre en cause votre travail journalistique, parce que vous n'avez pas révélé un scoop. J'ai annoncé publiquement que j'avais envoyé un courrier...
Speaker 1: Je n'ai aucunement l'intention de révéler un scoop. Ce que je veux comprendre, c'est pourquoi Fabien Roussel par exemple vous en fait le reproche. Il le faisait à ce micro-là la semaine dernière. Et probablement parce que effectivement, il estime que vous auriez pu
Speaker 2: appeler vos copains avant. Non, mais parce qu'il voulait polémiquer avec nous. Mais vous savez, d'ailleurs, il disait des choses inexactes puisqu'il disait que Jean-Luc Mélenchon a envoyé un courrier pour demander
Speaker 1: des parrainages à sa candidature. Tout à fait, c'est pourquoi je vous demandais
Speaker 2: si son nom était sur... Il suffisait de lire le courrier pour répondre à votre question. Je pense que une force politique comme la France Insoumise, qui a fait 22% des voix à la dernière élection présidentielle, qui a organisé le rassemblement, c'était la NUPES puis le NFP, autour d'un programme très largement inspiré du programme de la France Insoumise, qui est le groupe parlementaire qui dispose du plus grand nombre de députés à gauche. Je pense qu'une force politique comme la nôtre, elle a une responsabilité en cas d'élection présidentielle anticipée. Et cette responsabilité, c'est de proposer une candidature en espérant que ça puisse être une candidature commune. Et donc vous faites tout pour y être prêt ? Nous le ferons. S'il y a une élection présidentielle anticipée, nous proposerons une candidature commune. Nous discuterons avec les autres formations politiques en leur proposant de faire candidature commune avec nous.
Speaker 1: Merci Manuel Bompard d'avoir répondu à mes questions ce matin, coordinateur de la France Insoumise, député des Bouches-du-Rhône, il est 8h52.
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